Monsieur PICARD a confié la défense de ses intérêts à Maître Alain ANTOINE avocat spécialiste en responsabilité médicale et en indemnisation du préjudice corporel. Sur la base d’un rapport d’expertise judiciaire accablant, Maître Alain ANTOINE a saisi le Tribunal administratif de SAINT DENIS afin d’engager la responsabilité du CHU qui a commis plusieurs fautes dans la prise en charge thérapeutique de son patient.
Bernard Picard est l’une des quatre victimes à avoir subi un incident d’irradiation ayant conduit à la fermeture durant cinq mois du service de radiothérapie de l’hôpital de Saint-Pierre entre mai et octobre 2013. Aujourd’hui, le rapport d’expertise ordonné par le tribunal administratif pointe la lourde responsabilité du CHU de Saint-Pierre. Le retraité, qui a été amputé d’une jambe suite à des «traitements inadéquats», envisage une plainte au pénal.
Depuis plus de sept ans, Bernard Picard mène un double combat. Il lutte contre l’une des pires maladies du siècle, le cancer et se bat contre un mastodonte, le CHU de La Réunion, pour que la mauvaise prise en charge et les traitements inadaptés dont il a été la victime soient enfin reconnus. Sa vie a basculé en mai 2009. Alors que le tout jeune retraité pensait souffrir d’un durillon au talon droit, il se rend aux CHU de Saint- Pierre. Le couperet tombe. Les résultats de la biopsie sont sans équivoque et confirment que cette lésion cutanée, dont il est atteint depuis deux ans, n’est autre qu’un mélanome, soit l’un des plus virulents cancers de la peau. S’ensuivent alors une série d’opérations, de consultations et de traitements notamment par radiothérapie.
Mais d’incompétences en erreurs, son état ne va faire que s’aggraver au point que Bernard Picard est amputé de sa jambe droite le 16 janvier 2012. Et pour lui, les ennuis ne font que commencer. Sa mauvaise prise en charge et les traitements administrés inadaptés font que son cancer se propage au pancréas et au poumon. En plus de devoir vivre et se battre contre son cancer, c’est aussi contre le CHU de La Réunion, que cet habitant de La Rivière Saint- Louis, aujourd’hui âgé de 68 ans, livre une bataille. « Pour qu’ils reconnaissent ce qu’ils m’ont fait. C’est important pour moi, pour ma famille de connaître les coupables et qu’ils soient punis. On ne joue pas avec la vie des gens. Personne ne m’a jamais prévenu. Quand j’ai posé des questions on m’a répondu que c’était normal. Je ne suis pas médecin alors, je les ai crus… En tout cas, jusqu’à un certain moment. Une chose est sûre, ils n’auraient jamais dû m’amputer de la jambe », assène-t-il amer.
En 2012, lorsque son fils, Guenaël, entend l’appel sur les ondes d’une radio locale de Chantal Pigetvieux, une ancienne malade traitée également au service de radiothérapie du CHU de Saint Pierre et qui pense avoir été sur irradiée, il prend contact avec elle. Leur objectif : créer un collectif et ainsi faire valider par le tribunal administratif une demande d’expertise. L’union faisant la force, ils obtiennent satisfaction. Cinq après avoir été amputé, Bernard Picard connaît enfin la vérité.
JIR, mardi 29 mars 2016